Expédition Népal 91

Publié le par Jean-Grégoire

Introduction : Nous sommes le dimanche 21 août 2011 lorsque je rédige ce récit de voyage. Je le fais à partir de mon carnet de voyage que j’avais précieusement gardé au cours de toutes ces années. C’est un petit cahier que j’avais acheté à mon arrivée à Katmandou, les feuilles sont en papier de riz. Dès la lecture des premières lignes  les souvenirs reviennent à ma mémoire et les émotions sont de nouveau présentes. J’espère que vous  prendrez plaisir à lire ces quelques lignes et surtout qu’elles vous donneront envie de visiter ce formidable pays.

 Nous sommes le 22 décembre 1990 il est 20h00 lorsque nous décollons d’Orly Sud destination Katmandou.

Eddie et moi sommes heureux de partir, de quitter notre train train quotidien pour celui de notre passion, l’aventure en montagne.

Nous voyageons sur un vol de la Bangladesh AIRLINES où de ravissantes hôtesses vêtues de leurs traditionnels saris prennent soin de nous et je dois dire que rarement sur un vol j’aurais été aussi bien accueilli et nourris.  Naturellement nous faisons escale à DACCA capitale du Bengladesh. En arrivant à DACCA si vous regardez par le hublot vous vous poserez surement la même question que nous : où va se poser l’avion ? Il ya de l’eau partout, quelques morceaux de terre ont l’air de flotter désespérément. Bienvenue au Bengladesh ici c’est le delta du Gange et chaque année en période de mousson de nombreuses personnes perdent la vie : noyade, morsures de serpents etc...

Nous descendons de l’avion et posons les pieds sur le tarmac pour rejoindre le hangar de l’aéroport il est 9h30. Le vol qui doit nous  emmener à Katmandou est prévu pour 13h. Avec Eddie nous trouvons un banc sur lequel nous décidons de finir notre nuit en attendant notre correspondance. Nous sommes réveillés à coup de pied dans le derrière par un militaire qui nous fait comprendre que nous devons embarquer immédiatement. Ici c’est un peu spéciale, les annonces dans le hangar se font par un type qui hurle dans un porte voix ! Bref nous comprenons après avoir présenté nos passeports et billets d’avions que nous devons rejoindre à pied un avion stationné à quelques centaines de mètres sur le tarmac. Après tout, c’est rudimentaire mais plutôt sympa ce type d’embarquement !

Nous décollons ce dimanche 23 décembre il est 13h45. En arrivant sur le Népal j’ai demandé à l’hôtesse s’il était possible d’accéder à la cabine de pilotage pour prendre des photos de la chaîne himalayenne et notamment de l’Everest. Ce qui serait surement impossible aujourd’hui fut à cette époque accepté et donc, avec mon copain Eddie, nous avons eu le privilège de passer une vingtaine de minutes en compagnie des pilotes qui nous ont gentiment décrit toute la chaîne de montagne (voir photos dans le diaporama) 

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 : je dois dire que le spectacle est assez éblouissant, vous volez à presque 10 000 mètres d’altitude et vous avez face à vous des sommets enneigés. L’Everest se reconnaît très bien grâce à toute sa face complètement noire et bien entendu parce qu’il est plus haut que les autres. C’est connu, atterrir à Katmandou se n’est pas toujours facile, surtout qu’ici il n’y a pas de radar au sol et qu’il n’est pas rare que les conditions météo soient difficiles, l’année précédente un avion s’était scratché en phase d’atterrissage. Pour nous tout s’est bien passé, nous sortons de l’aéroport et trouvons le bus qui nous doit conduire au centre de Katmandou dans le quartier de Tamel. Circuler dans Katmandou et comprendre le sens de circulation, c’est déjà un défi, quel bazar !

Nous arrivons finalement à l’adresse du petit hôtel que nous avions repéré dans notre guide de voyage. Nous déposons nos bagages et partons aussitôt réserver nos billets de bus pour Pokhara. Le quartier de Tamel est vraiment très sympa avec ces centaines de petites boutiques de petits restos. Nous rentrons nous coucher de bonheur car demain il faudra se lever tôt pour ne pas manquer le bus.

 

Lundi 24 décembre

 

Un jour pas comme les autres. Il est 6h15 quand nous allumons le réchaud dans les toilettes de notre chambre et préparons notre petit déjeuner. Nous partons prendre notre car qui doit nous conduire à Pokhara.

 

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 Le car est bondé et nous passons la première heure de route assis sur des tabourets avant que deux places se libèrent sur la banquette du fond. Eddie mesure 1.96 m et moi 1.80m, la route qui relie Katmandou à Pokhara est en très mauvais état si bien que nous passons 8h  à nous fracasser la tête contre le plafond du car. Ce trajet fait escale dans différents villages où nous pouvons constater le niveau de pauvreté. Je garderai surement en mémoire toute ma vie l’image de ces deux enfants, surement des frères les corps à moitié nus et qui se penchaient les mains dans la terre pour attraper ce qui leurs servaient de nourriture à savoir cet insecte assez dégueulasse  « la punaise ». Ici les gens sont simples et débordent de gentillesse, le premier thé que nous buvons dans un de ces villages du bord de route est excellent. Il nous aura fallut un peu plus de 8h pour parcourir en car les 206 km qui séparent Katmandou de Pokhara où nous arrivons à la nuit tombante. Nous trouvons rapidement un hôtel sympa le « svin cotage » (pas sure du nom) puis nous louons des vélos pour nous promener mais aussi pour acheter les denrées qui nous seront nécessaires pour notre trek. Ici il est difficile de trouver du sucre en morceau tel qu’il existe chez nous. Nous finissons par trouver  dans une boutique vendant toutes sortes d’épices de légumes secs du sucre en gros morceaux non raffiné. Nous décidons que cela fera l’affaire, il suffira de casser les gros blocs en morceaux plus petits.

Nous sommes le 24 décembre et ce soir partout en France c’est le réveillon. Nous décidons d’aller manger au restaurant : Poulet aux légumes, boissons rafraichissantes, gâteau au chocolat, le repas fut simple mais bon. Nous partons nous coucher en pensant que dès demain va commencer notre périple en montagne.

 

Mardi 25 décembre :

 

Ce matin Eddie  a eu du mal à se lever, il a mal au ventre et un peu le mal du pays. Il nous faut aller au service d’immigration pour obtenir notre permis de trekking. Il est 13h il fait très beau, Eddie va beaucoup mieux, nous avons obtenus nos permis, nous avons réservé  nos billets de bus pour le retour. Nous montons dans un taxi qui doit nous conduire au dernier village constituant le  point de départ de notre trekking qui doit nous mener à Namun pass.

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Les premières impressions sont que les sacs à dos sont très lourds et le Machhapuchhare est très impressionnant. Nous marchons et traversons différents petits villages de montagne où les gens nous indiquent très gentiment notre chemin et les enfants nous demandent des stylos pour l’école. Notre programme prévoyait que ce soir nous devions dormir au village de THOAK mais nous sommes partis en retard et comme en plus nous nous sommes quelque peu égarés, nous comprenons que nous ne pourrons pas atteindre le village prévu et donc il nous faut trouver un endroit pour bivouaquer.

Voilà ma première gamelle, un trou caché par des herbes je me retrouve au fond avec mes 20 kg sur le dos, cela fait un peu mal. Nous arrivons sur un pan de montagne complètement sculpté en terrasses, nous plantons la tente sur l’une d’entre elles, à cette époque elle n’est pas cultivée. La nuit tombe, je sais que des gens nous ont aperçus j’ai observé des lumières au loin. On mange, soupe, fruit secs gâteaux et on s’endort quand soudain : « Hello ! » nous sommes réveillés par des jeunes Népalais qui viennent discuter avec nous et essayer de nous piquer ce qu’ils peuvent mais ayant très rapidement observé leur petit manège nous avons tout balancé à l’intérieur de la tente et fermé celle-ci. Nous donnons rendez-vous à nos visiteurs pour le lendemain matin de manière à ce qu’ils nous remettent sur le bon chemin.

 

Mercredi 26 décembre

6h00 du matin : « Hello ! » ils sont déjà là, ils grelottent devant la tente, les nuits sont froides, pour tout dire il gel. Nous discutons avec eux leur offrons quelques bonbons. L’un d’entre eux nous demande un short ou une chemise et nous explique qu’il est le seul dans la famille à avoir un pantalon. C’est frustrant de devoir refuser, mais nous n’avons pas le choix, nos affaires sont limitées et nous n’avons rien de trop vu que pour des raisons de poids nous n’avons pris que le strict minimum nécessaire. Nous replions la tente très rapidement ce qui impressionne nos amis Népalais. Le jour viens de se lever lorsque nous reprenons notre marche. Les vallées et les paysages que nous découvrons sont magnifiques et les chemins que nous empruntons sont bien tracés. Les villages (hameaux) que nous traversons sont habités par des Népalais de la tribu Gurung. Les Gurungs vivent de et travaillent communautairement : tout le monde travaille dans le champ de l’un avant de passer au champ de l’autre. Les jeunes filles Gurung sont magnifiques, elles portent un anneau en or dans le nez et elles chantent en nous accompagnons sur les chemins. Ce qui est étonnant et assez rare de part le monde, c’est que ces jeunes filles demandent à être photographiées. D’habitude c’est le contraire, soit les personnes refusent soit elles acceptent contre rémunération.

 

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 Aujourd’hui tous les sommets sont couverts par les nuages, avec Eddie nous espérons que cette situation change d’ici un jour ou deux car nous avons conscience que cela pourrais nous poser de sérieux problèmes d’orientation. L’étape d’aujourd’hui a été très longue et difficile, nous sommes très fatigués. Nous plantons la tente sur un terrain de jeu à la sortie d’un village. Un homme Gurung chargé comme un âne nous regarde monter la tente, il est complètement ébahi. Au village il doit y avoir une fête car nous entendons de la musique, nous mangeons et nous endormons.

 

 

 

 

Jeudi 27 décembre

 

La nuit a été très bonne, personne ne nous a dérangé. Au levé du jour nous avons allumé un feu pour brûler nos ordures, trois jeunes Gurung se sont approchés. Nous chargeons nos sacs et nous mettons en marche. Les trois jeunes sont mort de rire en voyant le calçons d’Eddie qui est déchiré et laisse apparaître sa peau blanche. Ils nous montrent leur maison, une petite cahute encastrée entre deux rochers au-dessus d’une rivière : vraiment on se demande s’il est possible d’habiter dans un tel endroit. Le chemin monte de manière très abrupte et il fait chaud très rapidement ce qui nous oblige à enlever une épaisseur de vêtement. L’étape d’aujourd’hui a été dure, très  dure, le chemin à disparu et nous nous sommes complètement perdus. Nous sommes perdus à un tel point que nous n’arrivons pas à prendre le moindre repère. Nous sommes  dans une espèce de jungle où visiblement ne vit personne, d’ailleurs depuis notre départ de ce matin nous n’avons vu personne. Nous postulons que nous sommes déjà dans une zone suffisamment reculée, une zone de transition entre les zones d’habitat et les hauts sommets. Ceci dit nous savons au regard de la végétation que nous ne sommes pas encore très haut d’ailleurs nous n’avons pas encore observé le moindre névé. Les sommets sont toujours cachés et le plus inquiétant c’est que nous ne distinguons pas la grande crête sur laquelle nous devons marcher et qui constitue notre itinéraire pour atteindre le Namun pass. Ici cela monte et descend dans tous les sens on a le sentiment d’être perdu au milieu d’un labyrinthe de montagnes recouvertes d’une dense forêt. En cet instant, nous sommes déjà très inquiet et nous espérons une seule chose : retrouver dès demain le chemin indiquer sur notre carte.

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 Vendredi 28 décembre.

 

Nous nous réveillons aussi perdus que la veille. Nous sommes tellement déboussolés et en dehors du temps, qu’Eddie a décidé d’écrire tous les jours de la semaine sur un bout de papier ! Aujourd’hui nous avons décidé de continuer d’essayer de monter et de prendre de l’altitude pour tenter de sortir de cette forêt. La journée a été très dure car nous n’avons pas trouvé d’eau. Heureusement nous avons pris du dénivelé et nous avons réussi à trouver de la neige que nous avons fait fondre. Bien entendu nous sommes toujours aussi isolé et nous ne savons pas plus qu’hier où nous sommes, si une vague idée de l’altitude avec la présence de neige qui nous indique une altitude approximative de 4000m. Notre boussole s’avère inutile vu que tous les sommets et les vallées  sont bouchés par des nuages. Nous sommes dans espèce de tranche comprise entre deux couches de nuages, nous ne voyons rien si bien que  nous sommes dans l’impossibilité de faire des visées et d’imaginer la moindre triangulation ! Bref s’est la galère et nous sommes épuisés. Au sommet d’une crête nous trouvons un emplacement pour bivouaquer. Le silence est absolue, si bien qu’Eddie entend un bruit d’écoulement, comme le bruit de l’eau qui s’écoule sur un rocher : il se lève et à quelques dizaines de mètres il trouve une source, c’est un léger soulagement dans notre énorme détresse. Maintenant il nous faut prendre une décision. Nous savons que notre objectif n’est plus atteignables nous avons perdu beaucoup trop de temps et notre planning ne nous permettait pas d’avoir deux ou trois jours de retard. Continuer à monter pour essayer de retrouver le bon chemin, parier sur une amélioration de la météo qui dégagerait les sommets nous parraît trop aléatoire. Nous pensons que la sagesse et d’essayer de redescendre et de retrouver la vallée.

Le bilan de la journée est dur : un moral complètement défait, une fatigue immense, le doute, la crainte de ce qui nous attend. Le positif réside dans les aigles que nous avons vus décoller à quelques mètres de nous, la végétation magnifique. Le repas du soir se compose d’une soupe, d’un sachet de purée jambon lyophilisé, de thé sucré.

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 Samedi 29 décembre

Bien évidement le réveil est difficile car la nuit a été très mauvaise, nous étions beaucoup trop fatigués et le stress engendré par la situation était immense. Nous mettons en application notre décision et essayons de trouver un chemin de descente. La journée est dramatique, nous sommes toujours perdus, et avançons comme nous pouvons dans une forêt extrêmement dense ou des lianes nous freinent où des ronces déchirent nos vêtements, des sortes de bambous nous singlent la peau, nous n’arrêtons pas de monter et de descendre des crêtes mais nous n’arrivons toujours pas à nous orienter. Nous prenons la décision de descendre dans une rivière en pensant que nécessairement celle-ci va venir alimenter une rivière plus importante dans le fond d’une vallée. Mais au bout de quelques centaines de mètres nous sommes contraint d’abandonner cette idée car nous prenons conscience que cette descente est extrêmement dangereuse et que si par malheur l’un de nous deux se blesse alors la situation deviendrait tout simplement dramatique voir ingérable. A cet instant, nous sommes pris par la peur, nous commençons vraiment à douter de nos capacités pour s’en sortir. Nous nous posons deux minutes essayons de réfléchir et d’observer. Nous repérons une crête plus dégagée que les autres, nous en faisons notre objectif. Nous escaladons à travers une forêt de bambous extrêmement dense et nous atteignons le sommet de la crête. Effectivement celle-ci est dégagée et nous offre une jolie clairière pour bivouaquer. A ce moment c’est vraiment le doute dans ma tête, j’ai déjà vécu des moments difficiles en montagne mais jamais mon morale n’avait à ce point flanché. Eddie et moi sommes complètement agars et nous savons bien  l’un comme l’autre que nous sommes prêt à craquer. Nous sommes toujours perdus, personnes ne peut nous retrouver ici, le stress monte encore d’un cran  et la nuit la plus longue de notre existence nous attend. Nous regardons en dehors de la tente alors qu’il reste encore un peu de jour et là une éclaircie nous permet de repérer la pointe du Machhapuchhare et le sommet du Lumjung Hymal pour la première fois depuis plusieurs jours nous arrivons un peu à nous orienter : nous repérons une crête à proximité un peu  plus haute que la notre, il nous faudra la gravir demain et puis ensuite coûte que coûte descendre. Nous sommes tellement fatigués et stressés que nous nous endormons sans manger.

 

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 Dimanche 30 décembre

J’ai mal dormi, très mal dormi, toute la nuit j’ai cogité avec la peur de ne pas pouvoir me sortir de se merdier ! Finalement je trouve les forces nécessaires en pensant à ma femme resté en France. Il est cinq heure du matin quand la montre sonne. C’est une heure à laquelle il fait froid et encore nuit ce qui nous permet d’observer une très belle lune presque pleine et qui nous éclaire très bien. L’espoir revient, les sommets sont dégagés et bien évidement il devient beaucoup plus facile de s’orienter. Avant de repartir nous décidons de prendre un petit déjeuner copieux pour compenser le repas sauté la veille au soir et surtout reprendre les forces pour une journée qui nous paraît décisive. Thé très sucré, fruits secs et grosse platée de riz sont au menu. Le jour se lève il est 6h15, nous démarrons à la frontale nous atteignons très rapidement le sommet de la crête observés la veille et nous remarquons l’un comme l’autre que nous sommes devenus de véritables machines, nous avons une force incroyable, c’est surement du à  l’espoir qui est revenu grâce à cette Lune. Il est évident que chaque être humain à au fond de lui des ressources insoupçonnées, nous allons encore une fois pouvoir le vérifier.

Eddie m’avoue que cette nuit il avait rêvé qu’en haut de cette crête se trouvait un chemin. Nous arrivons au sommet de celle-ci et alors se découvre sous nos yeux un nouveau paysage, complètement incroyable, tout est dégagé et parfaitement visible, il est 7h du matin. A ce moment précis nous savons que nous allons nous en sortir et l’émotion est beaucoup trop forte pour être contenue. Nous repérons tous les hameaux,  comptons le nombre de crêtes qui les séparent les uns des autres et décidons de ne pas traîner de peur que la brume ne revienne envahir ces paysages.

 

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Un chemin nous a guidé longuement puis plus rien, si encore une fois, la jungle, mais cette fois-ci nous savons où nous sommes et notre objectif est clair descendre la rivière qui nous le savons rejoint directement l’énorme vallée, nous avons observé tout cela depuis le sommet de la crête. Deux singes déboulent devant nous, nous poursuivons notre descente où la végétation est extrêmement dense il nous est très difficile d’avancer de plus nous sommes sur un versant de montagne très abrupte. Nous sommes systématiquement bloqués par des précipices de plus de 50m ce qui nous oblige à chaque fois à remonter, l’épreuve est une nouvelle fois harassante. Et puis soudainement alors que nous tentons une nouvelle descente mon copain Eddie effectue un salto impressionnant et disparaît, plus un bruit, j’ai cru que mon cœur allait exploser, je me suis dit il est mort, il a du s’écraser comme une merde au pied de cette putain de falaise. Le temps m’a paru une éternité, j’ai appelé mon pote et quelques temps après j’ai entendu une voie : « Je suis là Yoyo (c’est mon surnom), ne t’inquiète pas, ya pas de problème des lianes m’ont retenues par les pieds, je suis sur un replat je cherche mes lunettes ! ». Enfin je le repaire et arrive tant bien que mal à le rejoindre.

Vu la situation je lui dis que si nous devons utiliser notre corde c’est maintenant : nous sommes au bord d’une falaise et nous apercevons très bien la rivière qui coule au fond ce qui nous permet d’évaluer la longueur de corde. C’est important de ne pas se tromper car il faut évidement être sur que la corde touche le sol. De toutes les façons il nous faudra abandonner la corde car nous savons que nous ne pourrons pas l’utiliser en rappel. En effet nous avons une corde de 50 mètres ce qui limite à une hauteur de 25 m l’installation d’un rappel. Je pratique l’escalade depuis de nombreuses années sur tout type de terrain et j’évalue sans difficulté la hauteur qui nous sépare de la rivière, celle-ci est comprise entre 30 et 40 m. Nous fixons la corde sur un arbre et lançons les anneaux dans le vide. Bingo la corde tombe sur les rochers en bordure de la rivière. Très rapidement et avec joie nous descendons le long de cette corde, nous atteignons la rivière et voyons deux chiens, nous sommes sauvés.

Après un petit break pour manger et se remettre de nos émotions, histoire de bien comprendre que nous avons sus surmonter une effroyable épreuve Nous remontons versant sud et très vite  nous découvrons les premières cultures étagées et le village de Tangting. Nous décidons de marcher le plus longtemps possible pour essayer d’atteindre Pokhara dès demain. Nous bivouaquons peu avant le grand pont suspendu qui enjambe la rivière. Nous ingurgitons un poulet à la basquaise et nous endormons bien plus soulagés que les nuits précédentes.

 Copie de Népal Déc 90 0035 

Lundi 31 décembre.

 

Une journée pas comme les autres. Ce matin nous partons dès la levée du jour. Les villageois nous ont indiqués un chemin très simple pour rejoindre directement la grande vallée qui mène à Pokhara. Il nous suffit de  franchir un col et nous y sommes, nous retrouvons le lit de la grande rivière dans lequel circule des camions qui assurent le transport des ouvriers. L’un d’entre eux sur nos signes s’arrête  nous montons dans la benne.

Très rapidement nous sommes de retour à Pokhara. Le simple fait devoir des gens représente pour nous un véritable bonheur, nous pensons au repas de ce soir heureux d’être vivants nous allons en profiter.

Nous arrivons à notre hôtel il est 13h30, nous n’avons même pas pris le temps de nous doucher et pourtant, il y en avait plus que besoin ! On a jeté les sacs à dos et nous sommes partis directement au Snowland, resto super sympa où  l’ont s’est tapé une méga bouffe. Ensuite on ‘est promené le long du lac et dans toutes les petites échoppes qui font le charme de

 

 

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Pokhara puis nous sommes rentrés à l’hôtel. Enfin nous avons trouvés le chemin de la douche : qu’est ce que c’est bon ! Au cours de notre périple nous nous étions lavés qu’une seule fois, à poil dans une rivière glaciale.

Ce soir c’est la Saint Sylvestre, mais pour nous  vu l’expérience que nous venions de vivre cet événement nous parut bien banal. Nous dinons au Snowland et allons boire une bière au bar du coin où se déroule une « Party pour l’Happy New Year ». Là des gens se défonçaient dans tous les sens du terme, nous ne sommes pas restés longtemps et avons pris la décision d’aller nous coucher.

 

Mardi 1 janvier 1991

Le retour sur Katmandou nous réservera encore quelques surprises avec un énorme éfondrement de la route mais nous arriverons finalement dans la capitale que nous primes le temps de visiter avant  de repartir pour la France

 

Conclusion :

Vingt ans après cette aventure, je peux dire qu’elle fut initiatique et qu’elle changea totalement notre façon de voyager et d’aborder la montagne. Avec Eddie nous avons eu la chance de repartir très souvent ensemble pour de nombreuses explorations souterraines, des ascensions, des randonnées en France et de part le Monde. Nous sommes ressortis de cette aventure plus forts et plus professionnels dans notre façon de préparer nos expéditions. Ainsi nous retournâmes au Népal en 1994 puis au Mexique en 1998 où nous enregistrâmes de vrais succès. Ensemble nous avons explorés au moins une quarantaine de gouffres en France et en Amérique centrale, réalisés de belles escalades dans différents massifs français.

 

Publié dans Expéditions

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